Traduction de la longue intervention d’un stratège russe fin avril 2014, reprise par ZeroHedge. Tout n’est pas à prendre, mais il est intéressant de disposer de ce point de vue. C’est une impressionnante analyse exhaustive du coup de l’Ukraine du point de vue d’un universitaire Russe chevronné en février 2014. [Traduction © Didier ARNAUD pour www.les-crises.fr ]
Il détaille les intérêts et les affiliations des principaux acteurs nationaux Ukrainiens – Des clans oligarchiques, dont de nombreux dirigeants possèdent la double nationalité – avec quelques détails choquants et peu connus.
Il expose les hypocrisies flagrantes et les doubles standards des sponsors occidentaux de ce coup ainsi que leurs « traîtres de la 5ième colonne » Russes / Ukrainiens.
Il contemple le coup et la réussite de l’incorporation de la Crimée à la Russie en tant qu’événement majeur qui change la donne dans l’actualité, les États-Unis conduisant les machinations de l’Occident post-seconde-guerre mondiale afin de soumettre la Russie à leur propre ordre du jour et en fixant comment doit répondre la Russie maintenant.
Un must de lecture Tout-en-une pour les Occidentaux qui ont besoin de comprendre ce qui se passe réellement dans les deux Ukraines et une lecture de la mondialisation élargie au groupe Anglo-États-Unis-OTAN, qu’il met particulièrement en relief.
Topographie Oligarchique de l’Ukraine – Andrey Fursov
Andrey Fursov, historien et sociologue, Institut d’Information Scientifique sur les Sciences Sociales de la Russie, explique tout ce qui faut savoir sur l’Ukraine et sur la manière dont les événements de 2014 étaient en gestation depuis des années.
Transcription ci-dessous :
Introduction
Tout d’abord, permettez-moi de dire combien il est parfois agréable d’avoir tort. Eh bien, je me suis trompé. Au début du mois de Février, ma collègue, Elena Ponomarëva, avec qui j’ai discuté de la question : pourrions-nous reprendre la Crimée ? J’étais pessimiste et je lui ai dit : 10% de chances que nous allons prendre la Crimée. Nous n’allons pas réussir à l’obtenir parce que l’Occident va réagir de manière agressive, et que nos autorités n’en n’ont pas le courage. Elle a dit : au contraire, 90% de chance que nous prenions la Crimée, et 10% de chance que cela n’arrive pas. Elle avait entièrement raison. Je me suis trompé.
Sans aucun doute, la réunification avec la Crimée est devenue un point de repère très important. Dans une récente interview télévisée, j’ai dit que c’est authentiquement la fin de l’ère honteuse qui a débuté à Malte les 2-3 décembre 1989, quand Gorbatchev a abandonné absolument tout à Bush, même ce qui n’avait pas été demandé.
Après cela, tout ce qui était possible a pu être cédé. Des lueurs d’espoir ont commencé à apparaître plus tard, pendant l’administration Poutine. Il y a eu la guerre du 08.08.2008. Mais plus tard, nous avons échoué avec le soutien à la Libye. Bien que nous ayons déjà posé un pied en Syrie. Mais tout cela est bien loin des terres Russes. Tandis qu’avec l’Ukraine et la Crimée – c’est une situation complètement nouvelle. Nous avons commencé à reprendre notre territoire, petit à petit. Cela a commencé à se faire avec les princes moscovites pendant la période du 14ième, 15ième siècle, avec ce que les premiers Romanov ont fait, et le système de Staline dans les années 1930, qui se résume à ce tout : sortir de la zone historique de la défaite.
Mais abandonner la zone historique de la défaite ne se limite pas uniquement aux questions externes, nous sommes en train de déchirer le statu quo mondial, qui a pris forme en 1991-1994. Signification : la désintégration de l’Union soviétique, l’affaire de l’uranium, la fusillade à la Maison Blanche de Moscou, le Mémorandum de Budapest.
Mais surmonter la défaite n’a pas seulement constitué l’aspect extérieur, mais aussi un aspect intérieur, Le Yeltsinisme a permis de faire émerger toute une strate de personnes, que notre président a désigné comme étant des traîtres à la nation. C’est la cinquième colonne – dans les autorités, dans les affaires et dans les médias. En particulier, ils se sont eux-mêmes trahis au cours des événements de la Crimée. Ce fut un véritable moment de vérité, l’instant du choix. Les véritables couleurs de ces personnes sont devenus visibles, dans divers domaines. Et ce fut une expérience très importante pour diverses raisons : On peut clairement observer l’application des doubles standards.
Qu’entendons-nous par deux poids deux mesures ? Par exemple : Il fut une époque où les Britanniques ont annexé les îles Falkland. Ils ont dit : « Eh bien, pourquoi n’y aurait-il pas un référendum dans les îles Falkland et que les habitants puissent se prononcer en faveur de l’adhésion à la Grande-Bretagne, et c’est suffisant. ».
« La Crimée est une question totalement différente … » – Bien que la situation soit analogue.
Aujourd’hui, nous allons parler de la situation en Ukraine sous un certain nombre d’angles. C’est une situation à multiples facettes, comme toutes les grandes situations. De nombreux aspects différents ont conduit à ce qui s’est passé. Et cela ne concerne pas seulement l’affrontement entre la Russie et l’Occident. Il y a beaucoup d’autres aspects en sus.
Tout d’abord, cela a commencé par un conflit au sein de la classe oligarchique Ukrainienne. Un grand analyste, c’est comme Vladimir Matveev. Je vous recommande beaucoup de le regarder. Un certain nombre de ses analyses sont disponibles sur le Net. En outre, vous n’avez pas besoin d’être érudit pour lire ses livres. Quiconque ayant suivi un enseignement supérieur peut les lire. Il a été très actif sur le sujet du Mossad en Ukraine. Il se fait en permanence menacer. Maintenant, il a besoin de sortir de l’Ukraine et il rencontre des problèmes avec cela.
Nous parlons des oligarques.
Plus tard, nous allons parler des intérêts de l’Occident – Les Européens et les Américains ont des intérêts différents.
Ensuite, nous parcourrons les événements clés provenant du coup Banderite Américain à Kiev, qui continue de se dérouler.
Les oligarques ukrainiens
Tout d’abord – les clans d’affaires Ukrainiens.
En 2012, des analystes comme Matveev ont averti qu’il y pourrait y avoir un conflit très brutal en 2013 entre les différents clans d’affaires, entre les oligarques. Et c’est ce qui s’est passé.
Qu’entendons-nous donc par les clans en Ukraine ? Nous devons tout d’abord comprendre la répartition du pouvoir à la fin de 2013. Il existe quatre clans à la base.
Tout d’abord le clan de Donetsk – Rinat Akhmetov, dont la fortune est estimée à 16 milliards de dollars. Ses principaux intérêts sont dans l’exploitation minière et la production d’acier. Ce clan comprend Boris Kolesnikov, le Kluevs, Yury Ivanyuschenko.
Le deuxième clan, c’est la famille Ianoukovitch. Ils contrôlent principalement l’administration douanière, l’agriculture et les infrastructures. En comparaison, ce clan est un peu plus pauvre, mais ils ont réussi à occuper des postes administratifs très puissants. « La réussite » de Viktor Ianoukovitch c’est que pendant sa présidence, l’aide sociale de l’état-providence de l’Ukraine a été achevée avec brio. Ou plutôt, ce qu’il en restait. La destruction de l’État-providence a déjà commencé à l’époque de Koutchma. Iouchtchenko et Timochenko ont réduit de façon significative l’aide de l’état social. Et M. Ianoukovitch a fini d’achever le tout.
Il est très intéressant d’examiner la croissance de la classe des milliardaires. En 2010, le nombre de milliardaires en Ukraine s’élevait à 8. Pas plus tard qu’en 2011, il y en avait 21.
Le régime Ianoukovitch a grandement favorisé la croissance de la classe des milliardaires. Les principaux parrains d’Ianoukovitch étaient Rinat Akhmetov et Dmitry Firtash. La division du travail c’était : à Ahkmetov le contrôle du gouvernement et à Firtash l’administration présidentielle.
Le prochain bloc massif c’est Firtash, qui détient RosUkrEnergo, la production et les produits chimiques de l’énergie. Ils sont le principal partenaire de Rothschild en Ukraine. L’un des principaux conseillers de Firtash c’est Robert Shetler-Jones. Je parlerai de lui plus tard. Un entrepreneur du groupe Rothschild. En outre, il appartient au MI6.
De toute façon, comme dans toutes les sociétés britanniques, si vous voulez occuper un poste de direction, il est obligatoire d’être contrôlé par le MI6. Sinon, vous n’y arrivez pas.
Le prochain groupe de sociétés c’est Privat. C’est le plus intéressant. C’est le groupe d’Ihor Kolomoisky. La richesse de Kolomoisky s’élève à 3 milliards de dollars. Son partenaire c’est Gennady Bogolubov. Kolomoisky est une figure très intéressante. Pas seulement parce qu’il a appelé notre président un schizophrène. Il est le principal moteur derrière tout ce qui se passe actuellement en Ukraine.
Né en 1963. Juif. Il soutient très activement le groupe Hassidique Chabad, qui n’est pas une secte, c’est un mouvement. Il est le soutien principal de la communauté Juive de Dnepropetrovsk. Un vieil ami de Berezovsky. Il possède environ 200 sociétés, contrôle 40% d’Ukrnafta, les médias. Un grand fan de football. Il possède : FC Dnipro, de Dnepropetrovsk, Arsenal Kyiv, et Hapoel de Tel-Aviv. Il est le vice-président de la Fédération Ukrainienne de Football. Son président, Surkis, est aussi un millionnaire, quoique pas aussi important que Kolomoisky. Il possède le Dynamo de Kyiv. L’information apparaît fréquemment dans les médias à propos des connexions de Kolomoisky avec le crime organisé international. Il voulait vraiment acheter les actifs de Sébastopol. En effet, il était sur le point de l’acheter. Il est le sponsor de Iouchtchenko, Ioulia Timochenko et Klitschko, et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, de l’ultranationaliste Tyaghnibok.
Il pourrait sembler étrange que Kolomoisky le Juif soutienne l’ultra-nationaliste Tyaghnibok. Mais l’objectif principal de Tyaghnibok c’est d’obtenir que les Ukrainiens et les Russes se battent entre eux. Son ultranationalisme n’est pas réellement antisémite, au-delà des excès verbaux.
Ensuite, il y a un autre groupe en Ukraine, dont personne ne veut parler. Le groupe de Victor Pinchuk. Il est le fils naturel de Koutchma. Le public de Pinchuk ce sont Tigipko et Yatsenuk. Selon des experts, comme Matveev, dont j’ai parlé plus haut et dont je vous ai fortement recommandé de l’écouter, en raison de sa fantastique expertise, Pinchuk est très étroitement lié avec les États-Unis et le renseignement britannique, le MI6.
Enfin, une plus grande partie de l’économie Ukrainienne, sur laquelle les experts préfèrent ne pas écrire. Le commerce des armes, la technologie militaire et les stupéfiants. Les Experts citent ici des dizaines de noms. Les principaux sont : Vadim Rabinovitch, citoyen d’Israël, d’Ukraine et de la Hongrie, Sergei Maximov et la famille Derkatch. L’aîné de Derkatch c’est Leonid Derkatch. Il était Chef du service de sécurité Ukrainien, le SBU. Maintenant, il en détient toutes les cartes, puisqu’il s’occupe des armes. Rabinovitch est un personnage très intéressant. Il soutient le parti gay-lesbienne Raduga et le groupe féministe des Femen de Kiev. Souvent des querelles avec d’autres oligarques Juifs.
En général, ce qui caractérise la situation en Ukraine c’est qu’il n’y a pas un centre politique unique, Cela se propage aussi dans la communauté Juive de l’Ukraine. Ils n’ont pas non plus de centre unifié. Il y a des querelles constantes, pour imposer leur point de vue. Il y a des affrontements de rage entre la partie laïque et ceux qui soutiennent les Hassides et les Chabadistes. Par exemple, il y a eu un furieux conflit au cours de la construction du monument à Babi-Yar. Kolomoisky a insisté pour qu’il y ait une synagogue et un bâtiment emblématique. Vitaly Nakhmanovitch a dit non, le lieu doit rester absolument laïc. Il y a eu des affrontements particulièrement sévères.
Par exemple, en 2011 Kolomoisky a constitué le Parlement Juif Européen, qui siège au Parlement Européen. Il a un penchant envers Hadism et Chabad. Le groupe laïc c’est, par exemple, Vyacheslav Kantor. Ils n’ont pas du tout accepté cela. Il y a encore une crise d’affrontement en cours. Il y a des situations savoureuses. Par exemple, Kolomoisky soutient Chabad. Chabad a soutenu Ianoukovitch lors de l’élection. Kolomoisky a ouvertement pris position contre Ianoukovitch. Tout cet enchevêtrement de conflits a éclaté. En 2013, c’est devenu vraiment horrible. En plus, la cupidité et la stupidité du clan mafieux de Viktor Ianoukovitch se sont révélés quand ils ont voulu imposer leurs honoraires, pas seulement aux entreprises de taille moyenne, ils ont même voulu aller jusqu’aux petites entreprises. Finalement, elles ont dû payer 60% à cette famille.
Ainsi, vous pouvez beaucoup mieux comprendre tous ceux qui sont allés place Maidan. Ils en avaient vraiment assez de tout ce clan.
Une autre question consiste à se demander qui a exploité la situation. Marx et Engels écrivaient en 1848 à propos des révolutions : “Nous savons maintenant quel rôle joue la stupidité dans les révolutions, et comment des salauds vont pouvoir l’exploiter.“ C’est ainsi qu’étaient les oligarques Ukrainiens. [...]
Le contexte mondial
Regardons la situation dans et autour de l’Ukraine dans un contexte mondial beaucoup plus large, compte tenu du rôle que l’Occident, collectivement, à travers ses diverses combinaisons, a attribué à l’Ukraine.
Tout d’abord – la bataille contre la Russie.
D’autre part – l’affrontement avec la Chine.
Et troisièmement – tout ce qui concerne le déclenchement de la guerre au Moyen-Orient.
Je le répète, ce ne sont, en aucun cas, tous les groupes de l’Occident qui veulent déclencher une guerre au Moyen-Orient. Mais un bon nombre d’entre eux y sont intéressés. De même l’Arabie Saoudite et Israël sont intéressés, pour toute une série de raisons. Et ces trois vecteurs convergents en Ukraine – les trois plans réunis en un seul.
Autrement dit, la géoéconomique et géopolitique de redistribution des actifs dans le cadre de la crise économique globale mondiale. [...]
L’origine de la situation actuelle
Voyons comment la situation actuelle ne fait qu’anticiper la précédente, à savoir : C’était en 1991, L’URSS s’est effondrée… Après 10 ans de pillage, les Américains se demandent « est-ce que nous devrions continuer davantage ? » Evidemment, ils ont décidé que non, puisqu’ils seraient alors tombés sur les Chinois. D’un autre côté, l’équipe d’Eltsine semblait en train de mettre le pays à genoux. Puis, soudain, en 2001 se sont produit les attentats de New York. Le vecteur politique des Américains s’est alors déplacé vers le Moyen-Orient. Ils sont devenus très occupés au Moyen-Orient. C’est à dire qu’ils se sont détournés de leurs objectifs.
Puis nous avons eu l’Irak, l’Afghanistan. Pendant ce temps, la Fédération de Russie a pu obtenir tout l’espace nécessaire pour respirer, se remettre à nouveau debout. Ensuite il y a eu la guerre du 08.08.2008, qui a montré à l’Occident qu’ils avaient un peu trop laissé faire la Russie.
Après cela, l’épisode Medvedev, quand nous n’avons pas réagi sur la Libye. Evidemment, le 08.08.2008, Poutine arrivé au pouvoir, et notre position sur la Syrie, malgré toute la pression de l’Occident, ont bien modifié l’approche envers la Russie de tous ceux qui avaient porté Obama au pouvoir.
Deux points à noter :
1. Obama a établi sa doctrine militaire au moment de son discours devant le Parlement Australien le 17 nov. 2011, et…
2. Et une nouvelle doctrine militaire des États-Unis, établie par Obama le 05 janvier 2012.
Dans la nouvelle doctrine du 5 janvier 2012, il est établi que les États-Unis peuvent mener une guerre ainsi que d’autres actions indirectes dans diverses parties du monde. Auparavant, il était question de deux guerres – ce qui signifie qu’ils ne s’en tiennent pas plus qu’à cela. Beaucoup plus intéressante reste la déclaration faite par Obama devant le Parlement Australien le 17 novembre 2011 : Ce qui a été dit dans le plus pur style approximatif d’Obama. Mais si nous appelons un chat un chat, cela signifie :
Primo : Dans cette doctrine : encerclement politico-économique de la Chine. Contrôle des flux d’énergie en direction de la Chine. C’est pourquoi nous avons vu leur puissance navale être déplacée vers le détroit entre l’océan Indien et le Pacifique. C’est pourquoi les voies d’approvisionnement de l’énergie d’extraction terrestre sont si importantes pour la Chine. Les voies d’approvisionnement basées sur le maritime peuvent être facilement interrompues par les Américains.
Deuxièmement : Faire pression sur la Fédération de Russie, en tant que partenaire de la Chine, et en tant que pays qui commence à s’élever.
Vraiment, Obama n’a pas dit là-bas autre chose de nouveau.
Il existe une organisation Stratfor – (Strategic Forecasting Inc), une sorte de CIA privée. Leur fondateur et Président, George Friedman, a déclaré ouvertement que la tâche principale des États-Unis c’est la déstabilisation de l’Eurasie, afin qu’elle ne puisse plus jamais constituer un État ou bien un groupe d’États en mesure de contester les États-Unis.
La région clé pour résoudre le problème de la Chine et de la Russie c’est le Moyen-Orient, qui est également important en lui-même. Le pétrole, l’Iran, la mer Caspienne, en Azerbaïdjan, en particulier Faîtes bien attention à l’Azerbaïdjan. Ne vous faîtes pas d’illusions. C’est un partenaire fidèle d’Israël et des États-Unis. Ce pays pompe du pétrole pour Israël et l’Ukraine, reçoit des armes des Etats-Unis, d’Ukraine et d’Israël, et il a des conseillers Israéliens qui s’occupent de travailler avec son armée. Dans le cas d’un conflit avec les Arméniens, qui sont de bons guerriers, je ne pense pas que l’armée Azeribaîdjanienne serait plus performante que ce qu’elle est jusqu’à présent, mais c’est un fait qu’aujourd’hui, ils sont plus capables et mieux formés.
Les objectifs des parties intéressées dans le Moyen-Orient
Obama. Autrement dit, les clans derrière Obama (Soit dit en passant, mon point de vue sur Obama n’a pas changé. Le Général Ovchinsky et moi-même avons écrit un article, juste au moment où Obama venait de devenir président, intitulé « Le Président en Carton-pâte ». Nous n’avons pas changé notre vision depuis lors.) Quand je dis « Obama », je veux bien dire les clans qui se trouvent derrière lui. Depuis le tout début, ces clans voulaient améliorer les relations avec l’Iran au détriment des relations avec Israël, bien évidemment. Comment l’Iran pourrait-il être utile aux États-Unis ? Imaginez l’Iran en tant que partenaire des États-Unis. Tout d’abord, c’est un pays beaucoup plus grand qu’Israël. Il occupe une magnifique position géopolitique. Il dispose de magnifiques ressources. Si l’Iran devient un partenaire des États-Unis, alors vous avez un axe Iran-Inde contre la Chine, la Russie, le tout maintenant la tension. Israël est soumis à la tension en tant qu’Etat Juif avec les Arabes, alors que l’Iran est Shi’ite. La tension existe principalement avec les monarques Sunnites, avec l’Arabie Saoudite. Ainsi, la tension pourra continuer.
Obama a pris toute une série de mesures destinées à améliorer les relations avec l’Iran. Toute une vague de publications est soudainement apparue, affirmant que les États-Unis allaient abandonner Israël. Mais Obama se trouvait lui-même sous la puissante influence d’une variété de groupes, y compris celle du lobby pro-israélien. L’amélioration des relations avec l’Iran n’est pas encore effective jusqu’à présent. Ce qui devient intéressant, c’est, que les relations avec l’Iran s’améliorent ou se détériorent, elles obligent les Américains à devoir résoudre deux problèmes :
Le premier c’est d’éliminer le régime d’Assad. Et avec cela éliminer la « fabuleuse » organisation du Hezbollah. Nous ne considérons pas le Hezbollah comme une organisation terroriste. C’est une organisation chi’ite libanaise, qui est véritablement mondiale. Par exemple : l’un des principaux centres du Hezbollah se trouve dans la région d’Iguazu Falls. Quelqu’un sait-il où est situé Iguazu Falls ? En Amérique du Sud. C’est la zone frontalière entre le Paraguay, l’Uruguay et le Brésil. Il y a un nombre prodigieux de touristes par là-bas. Al-Qaïda, le Hezbollah et le Hamas se sont construit chacun un petit nid douillet là-bas. Mais l’essentiel c’est que la diaspora libanaise se trouve là. Quand nous entendons « diaspora », nous pensons à la diaspora juive, la diaspora arménienne. Mais la diaspora libanaise n’est pas moins importante, elle est simplement plus silencieuse. Ils ne font pas beaucoup de bruit. Il y a 100 ans que les Libanais ont commencé à s’établir eux-mêmes en Afrique, en Amérique du Sud. Ils se sont déplacés dans la partie de l’Afrique d’où les diamants sont extraits : Sierra Leone, Liberia, et un peu en Angola. Dans cette zone frontalière, où se trouve la diaspora libanaise, en même temps que le Hezbollah ainsi que d’autres organisations, ils achètent de la cocaïne et la transfèrent dans des sous-marins vers l’Afrique de l’Ouest. Auparavant ils ont utilisé des sous-marins vendus par les Ukrainiens. Maintenant, ces sous-marins sont hors d’usage et ils en emploient d’autres. La cocaïne est transférée en Sierra Leone, où elle est échangée contre des diamants. Avec les diamants ils achètent des armes. Ce triangle – le Hezbollah, la Syrie, l’Iran – est bien dans la manière de faire des Américains. Ils considèrent, à juste titre, qu’en éliminant la Syrie en tant que partenaire arabe de l’Iran, que les relations avec l’Iran soient bonnes ou mauvaises, l’Iran sera de toute façon affaibli, et il deviendra plus facile d’obtenir un accord avec eux. La suppression du régime d’Assad est donc devenue l’objectif n ° 1 pour les Américains. De même que pour l’Arabie Saoudite et Israël.
Mais il s’est avéré que le modèle du printemps arabe n’a pas bien fonctionné en Syrie, ainsi ils ont dû intervenir militairement. Mais l’intervention a pu être déjouée grâce à la position de la Russie et de la Chine. L’agression de l’Occident contre la Syrie a été la première phase militaire vraiment sérieuse vers un redécoupage de la carte géopolitique du Moyen-Orient. Permettez-moi d’insister : la première phase militaire sérieuse. La Libye ne compte pas ici. Elle avait à voir avec le fait que le pétrole libyen était très important pour les Américains. Le coût de production du pétrole libyen est de 1 $. C’était donc très important. Mais la Libye et la Syrie sont des pays très différents avec un potentiel spécifique. En Syrie, cela n’a pas bien marché pour eux, je le répète, essentiellement en raison de la position de la Russie et de la Chine. L’offensive Américaine contre la Fédération de Russie et la Chine dans le théâtre syrien a échoué. C’est ainsi que la présidence de Poutine a pu forcer l’élite occidentale à rechercher d’autres stratégies.
Ils ont commencé à chercher où attaquer – et l’Ukraine est arrivée. Parce qu’en Ukraine, une situation explosive s’était développée à tous les niveaux : entre les oligarques eux-mêmes, entre les oligarques et la population. Quelle honte cela aurait été pour les Américains et les Européens s’ils n’avaient pas exploité cette affaire. Bien que les Américains et les Européens poursuivent des objectifs complètement différents en Ukraine.
Les Américains ont besoin du chaos contrôlé et de la guerre civile. Les Européens ont besoin de tout l’Ukraine - un marché où ils peuvent se débarrasser de toutes sortes de vieilleries. Un marché du travail pas cher, en plus de tout le reste. C’est vraiment un marché de consommateurs inexploité à ouvrir en grand avec 44 millions de personnes, maintenant moins sans la Crimée.
En principe, l’Ukraine n’est pas actuellement membre de l’OTAN. Mais cela n’a pas empêché l’Ukraine de participer à l’ensemble des quatre campagnes militaires de l’OTAN. Ainsi Veronika Krasheninnikova avait raison, quand elle a déclaré à la télévision, que pour nous, la question actuelle de l’Ukraine c’est l’endroit où sera située la frontière de l’OTAN. Peu importe que l’Ukraine jure ou pas d’adhérer à l’OTAN. Il est évident qu’elle va finir par devenir un pays de l’OTAN.
Et par-dessus le marché, il est absolument clair que ce pays est destiné à devenir absolument anti-Russe, nationaliste, Banderite et néo-Nazi. Ainsi, le double objectif : installer cet état anti-Russe et faire pression sur la Fédération de Russie – en permanence. L’objectif à long terme consiste à expulser la Russie du camp occidental et commencer un combat : Nous devons mettre la pression sur la Russie. Ensuite, la Russie, afin de parvenir à un accord avec l’Occident, pour résoudre ce problème de provocations continuelles, va se retourner vers l’Occident. Et après, la Russie deviendra un outil pour l’Occident afin d’exercer une pression sur la Chine. Si possible, obtenir même que la Chine et la Russie finissent par se batte l’une contre l’autre – ce serait le scénario idéal pour l’Occident. Indéfiniment.
Tout comme ils ont fait s’affronter constamment la Russie avec l’Allemagne et avec la France. C’est encore et toujours le même schéma. La situation actuelle en Ukraine, qui a débuté à la fin de 2013, a servi cet objectif. Hegel parlait de « la perfidie de l’histoire ». Ces 30 jours, du 15 février au 17 mars, ont tout cassé. Et changé le monde.
À nos yeux, Cette ère qui a commencé au cours de la période 1989-1994, est en train de toucher à sa fin, ou bien a déjà pris fin. Nous citons souvent les mots de Brzezinski : « Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un Empire Eurasien. » Mais ce n’est pas vrai. La Russie peut toujours devenir une grande puissance, même sans l’Ukraine. D’une manière différente, qui sera plus difficile et qui prendra plus de temps.
Et qu’est-ce que l’Ukraine ? La partie orientale de l’Ukraine n’a jamais fait partie de l’Ukraine. Les bolcheviks l’ont fait. Ils avaient besoin d’augmenter le taux de prolétariat en Ukraine. C’est la seule raison pour laquelle ils ont déplacés ces régions dans l’Ukraine. Mais peu importe cela. Le principal c’est que les paroles de Brzezinski ne sont pas de lui. Il répète les paroles du général allemand Paul Rohrbach, qui, au début du 20ième siècle a annoncé :
« Pour éliminer le danger que l’Europe, et surtout l’Allemagne, s’affronte à la Russie, il est essentiel de séparer complètement la Russie Ukrainienne de la Russie Moscovite ».
Notez que pour le général allemand – l’Ukraine et la Moscovie sont toutes deux Russes. Il parle de la nécessité d’apporter une scission interne en Russie. Ce n’était pas non plus d’origine de Rohrbach. Il développe l’idée des politiciens allemands de la fin du 19ième siècle, dont Bismarck, qui avaient proposé des moyens spécifiques pour résoudre ce problème. En particulier, il a souligné la nécessité d’opposer l’Ukraine contre la Russie, pour obtenir que leurs peuples se combattent. Mais pourquoi ? Comme il l’a écrit :
« Nous devons cultiver parmi les Ukrainiens, un peuple dont la conscience est altérée à un point tel, qu’ils finissent par haïr tout ce qui est Russe ».
Ainsi, nous parlons d’un psy-op historique, un sabotage de l’information-psychologique, dont le but est d’établir des Slaves Russophobes – Orques au service du Saroumane occidental [NdT : allusion au seigneur des Anneaux]. Ils sont le moyen pour séparer l’Ukraine de la Russie et de l’opposer à la Russie comme une sorte de « Rus » antirusse, comme une libre, démocratique Ukraine de l’empire totalitaire. Tout cela a été conçu dans le cadre du projet Galician, sur lequel les services de renseignement de l’Autriche-Allemagne et du Kaiser Allemand ont travaillé, suivi par le service de renseignement du Troisième Reich, plus tard - la CIA et le BND.
Le service de renseignement du Quatrième Reich au travail
Bien que je n’ai aucune preuve directe, il ne fait aucun doute que le service de renseignement du Quatrième Reich est bien à l’œuvre ici, la « Quatrième Internationale », connue sous le nom de « Daisy ». Quand le jour J et l’heure H viendront, le projet Galician et le Banderite souterrain tireront le coup de pistolet du départ – littéralement et métaphoriquement.
Retour rapide jusqu’à la Révolution orange de 2004, qui diffère de la situation actuelle. La Révolution orange de 2004 a été organisée par les néolibéraux. Ceux qui sont derrière en Ukraine et en Occident pensaient que ce serait suffisant pour créer l’Ukraine anti-Russe. Mais ça ne l’était pas. Ainsi, pendant les événements actuels, une approche différente a été déployée : une alliance des néolibéraux et des ultranationalistes, en effet des néo-Nazis. Les néolibéraux sont le visage de l’Occident. Et les militants néo-Nazis et les troupes d’assaut étaient ceux qui ont réussi à briser le pouvoir de M. Ianoukovitch, et terrifier l’Est de l’Ukraine. Des gens sages avaient averti Ianoukovitch qu’il ne devrait pas jouer avec le feu avec Tyaghnibok et lui permettre de développer son mouvement. Le plan de M. Ianoukovitch, comme l’ont démontré des experts, c’était : Nous allons faire monter Tyaghnibok. Puis, au moment des élections, l’Est, terrifié par Tyaghnibok, votera pour Ianoukovitch. Il jouait une sorte de jeu d’échecs. Mais l’Occident ne jouait pas du tout aux échecs. Ils ont frappé sur les pièces et se sont servis de l’échiquier pour un jeu complètement différent.
Pourquoi est-ce arrivé maintenant ?
Premièrement : L’Ukraine est une construction artificielle absolument non viable, qui ne peut pas fonctionner normalement en dehors du cadre de l’Union Soviétique. En dépit du fait d’être le seul Etat postsoviétique, à l’exception de la Russie et de la Biélorussie, qui aurait pu avoir la capacité de se tenir debout, elle n’a pas réussi à le faire. La RSS d’Ukraine a représenté quelque chose de très important dans l’Union Soviétique. Qui se souvient encore où a été placé l’Ukraine pendant l’Exposition Nationale des Réalisations Économiques ? Pile en plein centre ! Maintenant, c’est retombé dans l’oubli, mais ils ont été au centre de cette exposition. L’importance de l’Ukraine a été soulignée de toutes les manières. Et l’Ukraine ne pouvait pas exister sans le cadre de l’URSS. En dehors de l’URSS, l’Ukraine n’est pas capable de se développer. Qu’est-ce qui l’a maintenu à flot ? L’héritage Soviétique, dont ils ont mangé leur pain blanc pendant vingt ans. On peut admirer à nouveau ce qu’était un héritage comme le sien, comment les oligarques Ukrainiens l’ont dévoré stupidement et encore plus bêtement que les oligarques Russes, et cela a duré vingt ans. Mais, comme ils disaient dans la Rome antique, « Nihil dat fortuna mancipio » (« La Fortune prête beaucoup ne donne rien. ») Et en 2013 cet héritage était complètement consommé. D’un autre côté, M. Ianoukovitch a été très occupé à le dilapider davantage. L’Ukraine était au bord du précipice. La Russie aurait pu la sauver. Mais c’était catégoriquement indésirable pour les États-Unis. C’était la première partie.
Deuxièmement : Après le Maidan de 2004, ainsi que je l’ai déjà raconté, le marionnettiste Occidental a présumé que c’étais réglé : des gens comme Iouchtchenko et Timochenko pourraient résoudre tous les problèmes. Mais il s’est avéré qu’ils ne l’ont pas fait. Ianoukovitch est arrivé au pouvoir. Il a joué presque toutes les mêmes parties. Il a joué de manière très incohérente. Il a joué avec les Américains, avec la Russie. En fin de compte, il a surestimé sa main.
Le tableau de bord de ces vingt années reste positif pour l’Occident. Ils ont été très occupés en Ukraine : à l’aide de diverses organisations non-commerciales, non-gouvernementales, ils ont accompli un travail fantastique. Des dizaines d’organisations non-commerciales de l’Occident ont été au travail. Quant à nous … avons-nous des organisations non gouvernementales occupées à travailler dans le domaine de la politique étrangère ? « Russkiy Mir » Quand sont-ils apparus ? Il n’y a pas bien longtemps. Leur efficacité … Les autres organisations ? Il y a « Rossotrudnichestvo », qui a peu d’argent. « L’Institut des pays de la CEI » - c’est une institution. « Le Fonds Gorchakov » existe aussi. Mais toutes ces récentes initiatives et ces organisations n’ont pas les fonds.
Les Américains ont pu injecter des quantités massives d’argent dans la place.
Par ailleurs, au cours de toutes ces années, il y a eu une exploitation du souterrain Banderite en Ukraine, en coopération avec les services de renseignement Américains et d’Allemagne de l’Ouest. De plus, géographiquement, l’Ukraine n’est pas un État Balte. D’ailleurs, qui sait quand le dernier « Frère de la Forêt » a été tué dans les pays baltes ? 1960 ? – 1974. Mais, vous savez, il n’y a nulle part où se cacher vraiment dans les États Baltes, mais en Ukraine, il y en a. Et le Banderite souterrain a toujours été là. Bien sûr, l’Occident a toujours été en mesure de travailler avec eux.
De toute évidence, il existait des raisons internes, graves source des événements de Décembre, Janvier, Février (2014). Appauvrissement de la population. Insatisfaction à l’égard de ce régime avare-oligarchique de M. Ianoukovitch. Maintenant à quoi assistons-nous ? La famille de M. Ianoukovitch a disparu. A sa place, est arrivée la famille de Mme Timochenko. Une famille d’oligarques en a remplacé une autre. Ils ont mis en place les oligarques en charge des villes de l’Est. Ce n’est pas par hasard que j’ai cité les paroles de Marx et Engels concernant la révolution Européenne de 1848. « Nous savons maintenant quel rôle joue la stupidité dans les révolutions, et comment des salauds peuvent l’exploiter. ». En effet, l’exploiter ils l’ont fait.
Autant que nous puissions le dire à partir des événements qui se déroulent, l’avidité du clan au pouvoir a été d’exploiter en général et de manière spécifique la situation mouvementée. Jour « J » et heure « H » sont arrivés le 21 février
Comme je suis dans la science et non dans l’intelligence, mon information est seulement indirecte, mais elle a été aussi confirmée par une autre analyse. Vers 18h00, le 21 février, la moitié du Maidan a été effacée. Et cela aurait pu prendre fin à ce moment là. Mais vous savez, 18h00-20h00 … Il y avait environ 15.000 manifestants à Maidan. Ils étaient devancés par un groupe d’environ 3.000, dont certains d’entre eux m’ont donné cette information. Marchant derrière eux il y avait des Berkut. Ils ont indiqué que, tout d’un coup, les Berkut se sont arrêtés. « Nous progressions, mais les Berkut se sont arrêtés. » Ils avaient reçu l’ordre d’arrêter. Qu’est-il arrivé entre 18:00-20:00 ? Laissez-moi vous recréer les événements. C’est ma version. Je ne prétends pas l’imposer à quiconque, par tous les moyens.
À ce moment-là, Ianoukovitch a décidé qu’il avait gagné et qu’il pourrait entamer des négociations. En outre, les Américains lui avaient dit qu’ils savaient où étaient cachés ses milliards. Et voici qu’Ianoukovitch décide de leur jouer le truc de l’idiot du village. Il a décidé de tromper les Américains, ne réalisant pas que c’étaient eux qui le dupaient, en ne respectant pas l’accord. Ils n’avaient pas exactement oublié sa trahison de toute façon. À ce stade, lorsque l’occasion d’effacer Maidan a été perdue, les événements ont tourné dans une direction différente. Je disais le 21, le 22, il s’agit d’une d’une situation perdue pour la Russie, parce que si la seule force pro-Russe, que nous aurions pu mettre en place en 20 ans c’était celle que menait M. Ianoukovitch, alors c’était une bien piètre performance de notre part.
Qu’est-ce que c’était Tchernomyrdine ? Il chantait des chansons et jouait de l’accordéon avec les oligarques Ukrainiens. Évidemment que c’était son destin – cela s’est avéré plutôt bien pour lui. Ce que Zubarov faisait, nous n’en avons pas la moindre idée. Mais il est évident qu’il faisait de belles offres de gaz, traînait avec les oligarques. L’intelligence Occidentale, et les organisations non gouvernementales, elles ont travaillé avec les oligarques, les intellectuels et les masses. Et regardez le résultat : bien que Kiev ne soit pas une ville galicienne, 90% de l’intelligentsia de Kiev sont des partisans du projet Galician. Ce qui signifie que l’intelligence Occidentale a fait un excellent travail. En réalité, c’était leur travail.
L’autre question, c’est que nous n’avons pas travaillé comme ça. Nous causions avec les oligarques plutôt que de monter d’autres choses. Encore une fois, si notre seule force pro-Russe à un niveau politique élevé n’était que cette personne nommée M. Ianoukovitch, alors ce fut notre principal échec. Naturellement, perdre une manche ne signifie pas que vous ayez perdu le match. En effet, les actions des autorités Russes en Crimée ont montré que, après avoir perdu une manche, vous pouvez encore gagner le match. Le match du 17-18 a été remporté. Mais ce match était seulement pour la Crimée. Il y a encore l’Est, le Sud-Est de l’Ukraine.
Ce que l’Occident voulait
Maintenant, examinons ce que voulait l’Occident, ce qu’était leur plan. Qu’est-ce que l’Occident pouvait avoir besoin de retirer de cette situation ? Pensons comme les Occidentaux. Ce sont, ceux qui ont planifié cela. C’est vraiment la bonne approche.
En été, quand j’étais à Londres, j’ai lu les journaux Anglais. Il y avait un merveilleux éditorial dans le Financial Times. Cet éditorial était essentiellement cinglant pour les enseignants en économie dans les universités Anglaises. Ils expliquaient que si vous souhaitez former un économiste, ne leur bourrez pas la tête avec tout ce qui est écrit par les économistes. Apprenez-leur à penser comme les économistes. Entre parenthèses, nous devons pareillement enseigner aux gens à apprendre le même cheminement de pensée que les politiciens. Notre science politique se réduit à un modèle où les gens ne connaissent que les théories de la science politique. Mais les théories de la science politique sont très loin de la réalité. En réalité, elles sont là pour cacher la pensée des hommes politiques. C’est une diversion.
Plan « Minimum » : l’Occident installe un Reich Slave Banderite, néo-Nazi. Une pression permanente sur la Russie, provocations par divers moyens. Si la Russie réagit – dire à tous que « l’immense Russie totalitaire est en train de harceler l’Ukraine libre » Le même modèle a été utilisé avec la Yougoslavie : « Ces pauvres Albanais – victimes des mauvais Serbes. »
Plan ”Maximum” : La même chose qu’à l’époque où le Reich Allemand Nazi a été installé dans les années 1930. Mettre en place les forces qui, si nécessaire pour l’Occident, pourront avoir le rôle décisif dans la guerre contre la Russie. Certains pourront dire : « Quel cauchemar ! Comment êtes-vous censé partir en guerre contre la Russie ? » Il y a des situations différentes. Qui en Europe pourrait bien conduire une guerre contre la Russie ? Les Roumains, vous pensez, pourraient mener une telle guerre ? Les Polonais – pas eux quand même. Ce qui est nécessaire, c’est une sorte d’état de type « pit bull de terrier », qui serait prêt au moins à commencer un conflit local, pour montrer à la Russie affaiblie comment de tels événements pourraient se développer.
Si vous pensez que c’est grossir le trait de manière exagérée, reportez-vous donc à l’histoire des relations entre l’Occident et la Russie. Chaque agression subie par la Russie au cours des 200-300 dernières années venait toujours du côté de l’Occident. Il n’y a pas eu d’agression de la Russie contre l’Ouest. Deux points seulement :…La campagne de libération contre Napoléon, qui, soit dit en passant, ainsi que l’a expliqué Koutouzov, aurait dû pouvoir se terminer en 1813, sans aller au-delà de nos frontières « quitter là la France et l’Angleterre pour en aimer chacune de manière perverse et s’engager avec l’autre ». C’était une campagne. La deuxième c’était en 1849, Nicolas Ier. À mon avis, ce fut une erreur, bien qu’il fut un grand tsar. C’était une assistance pour réprimer le soulèvement Hongrois en Autriche-Hongrie. C’était inutile. Laissons les Hongrois se battre contre les Autrichiens. Laissons-les avoir leur propre petit théâtre de chaos en Europe Centrale. Ce sera plus facile pour nous. En dehors de ces deux là, la Russie n’a jamais déclenché aucune action contre les Occidentaux. C’était le 19ième siècle.
Comme pour l’envoi de troupes en Tchécoslovaquie, qui a été fait en conformité avec les règles, écrites dans le Pacte de Varsovie. L’OTAN a les mêmes règles. Dans les statuts de l’OTAN, il est écrit noir sur blanc :
« Si un État de l’OTAN est en danger en raison de changements internes ou externes, les forces doivent être immédiatement déployées »
Pourtant, quand nous avons envoyé des forces, ils l’ont appelé la « doctrine Brejnev » …
C’est simplement que nos propagandistes ont été nuls. Nous aurions du expliquer que cela a été fait comme prévu par la Convention de Varsovie et les statuts de l’OTAN, comme dans toutes les organisations. Mais je parlais du 19ième siècle.C’est comme pour le 20ième siècle, les dirigeants Soviétiques ont raté une occasion unique en 1968. Ils étaient lents, ils réagissaient seulement aux événements. Pendant les troubles de mai 1968 à Paris, le pouvoir Soviétique, en utilisant le Parti Communiste Français, aurait tout aussi bien pu obtenir que les forces de l’OTAN rentrent dans Paris, pour répondre aux manifestations des communistes et des syndicats. Si les forces de l’OTAN étaient entrées dans Paris, nous aurions pu être en mesure de protester depuis 30 ans à propos de la manière dont l’OTAN avait écrasé les étudiants Français. Ensuite, ils n’auraient pas pu dire quoique ce soit sur le « Printemps de Prague ». Mais les dirigeants Soviétiques ne faisaient que réagir aux événements. Parce qu’ils étaient un gouvernement de réaction. Comme l’a souligné Arnold Toynbee : « la politique de l’Occident envers la Russie est un agression ». De toute façon, Toynbee n’était pas Russophile. « L’expansion de la Russie est de nature défensive », écrit Arnold Toynbee. L’objectif final de l’élite de l’Atlantique Nord a toujours été l’élimination de la Russie. À cet égard, Leonid Chebarchine, l’un des leaders les plus visibles de l’intelligence Soviétique, avait bien raison, quand il a écrit : « Tous ce que l’Occident a besoin avec la Russie, c’est qu’elle n’existe pas ». C’était stratégique.
Tactiquement… En 1991, l’Occident a pu entamer le démembrement de la Russie. Mais avec la Chine déjà en en train de s’élever, cela ne leur semblait pas une très bonne idée. En plus de cela, ils ont décidé de harceler la Russie pendant au moins, disons, 20 ans. Pendant ce temps, la Russie a quand même réussi à se remettre à nouveau debout. Le Banderastan, si c’est ce que l’Ukraine est vouée à devenir, comme prévu par les marionnettistes de l’autre côté de l’océan, c’est de devenir un état Russophobe oligarchique, terroriste. Russophobe – c’est clair qu’il l’est vraiment. Un quasi-État – parce que même l’Ukraine postsoviétique n’était pas un État indépendant.
Nous assistons déjà à une administration externe du pays. Kiselev a eu tout à fait raison, quand il a mentionné hier : « La visite du directeur de la CIA à Kiev, en plus de la directive du FMI de retirer 12.000 travailleurs dans le secteur social ». Ils sont en train de faire des coupes brutales. L’argent du FMI entraîne toujours des exigences de réduction des programmes sociaux. Qui à leur tour provoque des troubles dans la population. Le gouvernement doit alors prendre des mesures supplémentaires et vous vous retrouvez dans un cercle vicieux. Tout cela est très bien décrit dans « Confessions d’un tueur à gages économiques » par John Perkins. Il explique très bien ce processus.
Une Ukraine oligarchique Banderite devient inévitable pour cette simple raison : à cause de leur corruption, incapacité et réticence, l’oligarchie constitue alors le véhicule idéal pour le contrôle externe. De toute évidence, ce sera fonction à la fois des oligarques et de l’Occident.
Finalement : si la junte des marionnettes à Kiev arrive à tenir, alors en toute logique ils vont mener une politique de terreur contre l’Est et le Sud-Est. L’autre affaire, c’est qu’ils ne semblent pas avoir le pouvoir qui permette d’y arriver. Ils sont toujours en train de parler de « délais ». Mais ils ne peuvent rien faire, parce qu’ils n’ont pas finalement de pouvoir réel. En plus, il est évident que le « secteur Droit » reste une grave menace pour les dirigeants Ukrainiens.
Que signifie ce que sera la banderization de l’Ukraine, si elle vient à y succomber ? Eh bien, l’Est et le Sud-Est sont des régions industriellement développées. Ces zones sont très modernes. L’Ouest reste agricole. C’est clair, l’UE n’a pas vraiment besoin des industries modernes de l’Ukraine comme Yuzhmash et Motor-Sich : Elles sont des concurrents et ils ont besoin d’y aller. Ils n’ont pas non plus besoin de l’énergie atomique de l’Ukraine. Ce dont ils ont besoin c’est d’un endroit pour stocker leurs déchets atomiques.
La mort d’Oleksandr Muzychko
Une théorie qui court sur les raisons de l’élimination d’Oleksandr Muzychko, et j’en suis très convaincu moi-même, vous pouvez le lire sur Internet, c’était que Mme Timochenko, qui a besoin d’argent, aurait conclu un accord avec les Européens, pour que l’Ukraine puisse immédiatement démarrer l’élimination des déchets nucléaires. Le truc, c’est que l’Ukraine ne dispose pas des aménagements pour cela. Ce qui signifie qu’ils vont tout simplement les enterrer. Ils ont bien l’intention de les enterrer dans la Zone d’Exclusion de Tchernobyl. « C’est déjà pollué. Nous allons enterrer et cacher tout ça là-bas ». Si une personne est décisive… Eh bien, Yatsenuk et Turnychov ne veulent pas y toucher. Timochenko est d’accord avec Yarosh, et Yarosh a donné des instructions à Muzychko. Mais Musychko, malgré son apparence brutale, ce n’était pas un imbécile. Il a très bien compris que celui qui a été en charge de l’organisation de tout cela allait l’éliminer. C’est pourquoi il a commencé à agir différemment de ce à quoi Timochenko s’attendait. Donc, il n’y avait plus d’autre solution que de l’éliminer.
Pour autant que je sache, le train de déchets nucléaires reste actuellement en attente à la frontière polono-ukrainienne, il ne va nulle part. C’est tout à fait évident ! - l’Europe a besoin de l’Ukraine comme dépotoir. Ce qui m’étonne de la part des dirigeants Ukrainiens c’est cela : Ceux qui vont mourir ou qui deviendront stériles par rayonnement, ce ne sont pas seulement les roturiers. Les enfants de l’élite en seront forcément affectés. Cela me surprend. Pourquoi diable veut-elle transformer le pays en une décharge, une source de radioactivité, si elle y vit elle-même ? Vous avez l’intention de devenir le président, non ? Alors vous allez y vivre pendant 4-5 ans ? 4-5 ans, c’est quand même beaucoup. La banderization de l’Ukraine va signifier sa dé-modernisation, sa futuriste-archaïsation. Si cette junte obtient une victoire complète en Ukraine, quoique j’éprouve beaucoup de doutes à ce sujet, alors l’Ukraine va s’effondrer pour devenir cette zone de futurisme-archaïsant, encore plus extrême que celle décrite dans la bataille née de l’imagination d’Alexei Kolentev.
L’importante leçon que dévoile l’ensemble de la crise en Ukraine, ce qui pour moi devient positif, concerne les médias Russes. Pour la première fois, nous n’avons pas été les perdants dans un conflit. Pendant la guerre du 08.08.08, un assez grand nombre d’entre eux avaient plutôt adopté des positions anti-Russes. Cette fois-ci, seules des structures particulières complètement frénétiques ont choisi une position anti-Russe, tels les goûts de l’« Echo de Moscou », et encore, pas tout le monde là-bas. D’un autre côté, ils intéressent plutôt les femmes hystériques ménopausées. Leur patron a adopté une position plus modérée. Un groupe significatif a été désigné comme étant des « traîtres à la nation » par le président, pour s’être rangés dans l’opposition. Néanmoins, nos médias n’ont pas perdu la guerre de l’information sur l’Ukraine, et ils ont réagit tout à fait correctement. En Crimée, tout a été très bien organisé. Du point de vue du droit international, toute tentative visant à la discréditer n’a tout simplement pas pu tenir debout. Tout le travail a été bien fait.
Tout de même, cette crise a mis en évidence toute une série de doubles standards. J’ai examiné la presse du moment et je vais vous en souligner quelques points.
Dans un éditorial du New Statesman, il est affirmé que « Poutine a violé la souveraineté de l’Ukraine. » – Violée – comment donc ? « en envoyant des troupes en Crimée ». Cela ne s’est pas produit. Alors comment devrions-nous appeler les actions des diplomates américains qui ont organisé le renversement du président légitime ? C’est un mensonge en direct.
Prenons ensuite le respectable « Economist » du 8 Mars. Ils ont lancé l’accusation selon laquelle Poutine « serait devenu plus autocratique ». Aucun argument n’est donné. Le refus de participer aux parties d’agitation des gens par l’Occident est interprété comme de l’autocratisme. Selon leur même logique « démocratie » veut dire lécher les bottes de l’OTAN.
Le pathos hypocrite auquel nous avons pu assister sur Kadhafi est répété envers Poutine dans la rhétorique des articles du mois de Mars sur la situation en Russie. Comme dans le Time Magazine du 17 mars. Pareillement dans le Spectator du 8 Mars. Un certain O’Sullivan écrit : « Poutine a brisé le consensus qui s’est imposé à la fin de la guerre froide ». Comme si Poutine devrait estimer que ce consensus particulier devrait même avoir existé.
C’est toute l’impudence et l’impunité de l’OTAN, qui a bombardé la Yougoslavie, lequel, comme si cela ne suffisait pas, a tapissé de bombes la totalité de la Yougoslavie. Vous avez probablement vu les films. Je l’ai appris de quelques Serbes il y a longtemps. Et par-dessus le marché, quand ils ont bombardé les zones Serbes, ils ont disséminé sur l’endroit de l’uranium. Maintenant en Serbie il y a beaucoup de cancer. La population est juste en train de mourir. Et en plus, ils ont pulvérisé des spermicides partout, ce qui est à l’origine de l’infertilité masculine, de sorte que les Serbes, pour être une force pro-Russe en Europe, seront éliminés.
Un peu plus loin, dans la même édition du « The Spectator » ils ont rapporté une déclaration d’Obama comme quoi « la Russie se trouve du mauvais côté de l’histoire ». La logique d’Obama signifie que le bon côté droit de l’histoire c’est celui qui a vitrifié Hiroshima et Nagasaki, attaqué le Vietnam, la Yougoslavie, l’Irak, la Libye, tué des centaines de milliers de personnes – c’est le côté droit de l’histoire.
L’infantile Garry Kasparov
Ce qui m’a le plus impressionné ce fut un article de notre propre Garry Kasparov. À deux égards :
Tout d’abord, comment ce type (que l’Occident a accepté) est exposé, ainsi que sa représentation de l’histoire.
Deuxièmement, ce qu’il offre à l’Occident. L’article est intitulé « Coupez-le des oligarques, ils feront descendre Poutine ». Il a été publié dans le très sérieux « Wall Street Journal » du 10 mars 2014. On peut juger de l’intelligence de son auteur à travers la déclaration suivante. Kasparov écrit : « Pour la seconde fois en six ans Poutine a ordonné à ses troupes de traverser une frontière internationalement reconnue, et d’occuper un territoire étranger. » La première fois, il doit probablement faire allusion au 08.08.08, et la deuxième fois – la Crimée. À quel moment Poutine a-t-il commandé à ses troupes d’entrer en Crimée ? D’où aurait bien pu provenir une telle décision ? Nous n’avons pas envoyé nos troupes en Crimée. Poutine appartiendrait à un club exclusif – en compagnie de Miloševi, Saddam Hussein – des dirigeants qui ont « Envahi les pays voisins ». Miloševi ? Il n’a envahi nulle part. Miloševi ? Il a traité avec le Kosovo, lequel faisait partie de la Yougoslavie. Saddam Hussein a envahi le Koweït – c’était un piège. Et ce n’était pas du tout la raison pour laquelle ils l’ont renversé. Ce n’était pas en 1990-1991 qu’ils l’ont renversé.
Suite, Kasparov écrit : « À Yalta, Staline a forcé le trop faible Roosevelt et un Churchill impuissant à accepter sa position sur la Pologne, tout comme la politique de Poutine avec la Crimée est du même type que l’annexion de l’Autriche et des Sudètes par Hitler ». Si un élève allait écrire cela dans un examen, je lui donnerai immédiatement un « deux » et le renverrait pour repasser. Le point n’est même pas le fait que ni Churchill, ni Roosevelt n’étaient faibles. Churchill et Staline, même si cela résonne comme étant cynique, ils ont troqué la Pologne et la Grèce. Ils ont convenu que l’URSS obtiendrait 90% de domination en Pologne et 10% en Grèce, et la Grande-Bretagne vice-versa : 90% en Grèce, 10% en Pologne. C’est ainsi que l’Union Soviétique a cessé toute soutien actif aux communistes Grecs. Et ils ont été écrasés par les Anglais. En revanche, nous avons résolu notre problème avec la Pologne. Pour nous, la Pologne était beaucoup plus importante que la Grèce. Évidemment, Kasparov n’en n’a rien précisé. Kasparov continue : (Pourquoi est-ce que je parle donc de Kasparov, qui est plutôt actif au sein de notre opposition, c’est pour démontrer le niveau intellectuel de ces personnes.) « Si Poutine gagne », écrit Kasparov, « alors le monde qui est arrivé en 1945 va se désintégrer ». Kasparov au milieu des années 80 est comme le héros de cette courte histoire américaine « Rip van Winkle », qui s’est endormi et qui s’est réveillé plus tard pour constater que l’Amérique ne fait plus partie de l’empire Britannique, mais qu’elle est devenue un pays libre. « Rip Van Winkle » signifie que n’importe qui peut se réveiller pour se trouver plongé dans un monde différent. Le truc c’est que l’ordre du monde né en 1945 s’est effondré à Malte en 1989, quand Gorbatchev a tout lâché sans retenue. Les journalistes ont formulé le terme, même s’il ne colle pas : le « système maltais », pour remplacer le système de Yalta. Ainsi donc, cela n’a aucun sens, pas plus que de parler de la rupture de l’ordre mondial de Yalta.
Voici quelque chose qui est vraiment digne d’attention : Qu’est-ce que Kasparov recommande de faire à l’Occident ? Il explique qu’ils doivent « faire pression sur les oligarques », pas sur Poutine, mais sur les oligarques. S’ils mettent la pression sur eux, alors ils vont faire un coup d’état et renverser Poutine. C’est un citoyen Russe qui raconte au Département des États-Unis ce qu’ils doivent faire pour effectuer un changement de régime en Russie. Imaginez si c’était un citoyen Américain installé en Russie, par exemple, ou, qui sait, en Chine, qui s’exprimait sur la bonne façon de renverser Obama, je pense que cette personne connaîtrait de sérieux problèmes – très grave. Pourtant, Kasparov est libre d’aller et venir en Russie comme il lui plaît, et personne ne songe à révoquer sa citoyenneté.
Quelle est l’importance de ces événements de Février-mars ? Mettons-nous au cœur de cette question. Pour la première fois depuis 1991, l’Occident, les États-Unis d’Amérique, ont mis en place, quoiqu’en secret, une réelle agression contre le monde Russe. Parce que l’Ukraine se trouve sur le territoire du monde Russe. Ils ont organisé une agression bien loin de leurs propres rivages. L’Ukraine ne saurait en aucun cas faire partie de la zone d’intérêt des États-Unis. Le Mexique peut-être, peut-être même Cuba. Ils pourraient déclarer Cuba comme faisant partie de leur zone d’intérêt,
Mais l’Ukraine en est très éloignée, comme l’Irak aussi. Ce fut une agression pour la première fois depuis 1991. Ils ont décidé qu’ils ne pouvaient pas laisser faire. Pour la première fois depuis 1991, nous avons donné une raclée à l’agresseur – un grand moment. Malgré tous les cris d’orfraie et braillement de l’Occident, nous n’avons pas abandonné, nous nous sommes réunifié avec la Crimée, et, comme a déclaré le président sur la Place Rouge : « La Crimée est de retour à son port natal ». En dépit de tous les cris et tout le reste. Dans ce cadre là, la chanson du groupe « Nautilus Pompilius » – « Au revoir, l’Amérique » - prend une certaine signification symbolique. En effet : « Au revoir, l’Amérique ». Tout autant que la nature des relations qui existaient sous les autorités Russes des années 1990, ou même pendant le premier mandat de Poutine, ou bien la période Medvedev, cette époque est révolue. Parce que : L’Occident ne pardonne pas ce qu’est ce leadership. Et ce leadership, compte tenu du comportement de l’Occident… Eh bien, s’ils avaient encore le moindre doute auparavant « Écoutez, nous ne sommes pas Miloševi, nous ne sommes pas Saddam Hussein, ni Kadhafi, vous ne nous ferez plus le même coup ».
Eh bien, maintenant, cela ne fait plus le moindre doute. L’Occident n’a pas de freins. En essayant de résoudre leurs propres problèmes, ils continuent tout droit de plus belle jusqu’à se fracasser sur le mur. Grâce à cette merveilleux réunification avec la Crimée, cette Victoire d’ensemble de la Crimée, qui met vraiment fin à une ère particulière, quelques problèmes subsistent encore. Le premier problème c’est l’incompatibilité entre la direction de notre politique étrangère en vue de rétablir notre statut de grande nation et l’orientation économique néolibérale du gouvernement, nominalement celle de Medvedev. La confrontation avec l’Occident n’est pas viable sur une base d’économie néolibérale. Pour la supporter, elle est seulement possible dans le cadre d’une économie de mobilisation. Dans le même temps, une économie de mobilisation n’est possible que dans un système social mobilisé. En d’autres termes, les relations avec l’Occident qui sont maintenant en train de prendre forme pour la période à venir nécessitent des changements internes très réfléchis.
Les changements internes Russes indispensables
Le changement est cosmétique : Une politique de répression légitime de la cinquième colonne. C’est la première étape qui doit être prise. Ensuite, nous avons besoin de renforcer un certain nombre de questions relatives à l’économie et à la structure sociale. Parce que dans un an et demi, l’euphorie de la réunification avec la Crimée se sera évaporée, et à l’automne, nos problèmes économiques vont refaire surface. Notre estimation a plus optimiste sur la croissance économique est de l’ordre de 1%. Au minimum, nous avons besoin de 5-6%. Naturellement, l’insatisfaction de la population face à la situation économique sera exploitée par tous ceux qui ont organisé la manifestation de masse Bolotnaya. Ils vont profiter de l’insatisfaction de la population. Bien évidemment, émergera une alliance des néolibéraux et des ultranationalistes. Elle deviendra rapidement, « les oligarques », et « la lutte contre la corruption », et ainsi de suite. Puis, s’il réussit, le prochain groupe d’oligarques en viendra à la suite, qui sera …La Révolution c’est quelque chose qui change la structure socio-économique. Pas une seule de ces « révolutions de couleur » n’a permis d’apporter le moindre changement notable dans la structure socio-économique. Les régimes ont été remplacés par des pro-occidentaux. Rien de plus. Cela doit être bien compris.
Si la Russie bascule vers un système de mobilisation, l’élite de l’Atlantique Nord, et son réseau d’agents dans la Fédération de Russie, vont tenter de faire tomber le régime existant, et, je le répète, cela se fera sous la bannière de « la lutte contre la corruption » et ainsi de suite. C’est pourquoi nous devons accorder toute notre attention au Maidan de Kiev en Février et les héros qui se sont révélés. Observez : Timochenko est allé sur la scène du Maidan et a déclaré que les événements de Kiev constituent un modèle pour les peuples de toutes les républiques postsoviétiques dans leur bataille contre les dictateurs. Yury Choukhevytch, le fils de la guerre criminelle Choukhevytch, qui a purgé une peine de prison ici, a déclaré :
« Le Maidan de Février est la suite des événements de 1991, le début de la deuxième révolution anti-soviétique, la première étant 1991 à 1993, ce qui devrait finir par détruire le rêve de ressusciter l’Union Soviétique ».
Pour eux, à l’évidence, le Maidan était en effet une suite de 1991 à 1993. Une réaction brutale de la Russie au Maidan – la protection de la Crimée – ils ne s’attendaient pas à cela.
Le deuxième problème est étroitement lié au premier et il en découle. La cinquième colonne. Ceux que Poutine a désignés comme les traîtres à la nation. Quantitativement, c’est un groupe assez réduit, mais il comprend des représentants des autorités, des entreprises, les médias, l’intelligentsia, l’éducation. Vous avez juste besoin de regarder qui criait le plus fort lors de la réunification avec la Crimée c’est la même chose que ce qu’avait fait Hitler avec l’Autriche. Et par-dessus tout, ces personnes réussissent à éviter la question sur le fait que l’Autriche a été donnée à Hitler par la Grande-Bretagne et la France : sans leur autorisation, il n’aurait jamais pu annexer l’Autriche. La raison pour laquelle ils ont laissé Hitler annexer l’Autriche : Hitler n’avait pas de réserves de change, l’Autriche la lui a fournit. En lui donnant l’Autriche, ils lui ont donné les réserves en devises nécessaires pour réarmer. Ensuite, ils lui ont laissé la Tchécoslovaquie, parce qu’il avait besoin de son potentiel militaro-industriel, que le Reich n’avait pas. Il avait besoin de traverser la frontière avec l’Union Soviétique.
La crise en Ukraine a démontré l’unité du peuple et des autorités de la Russie quand il s’agit d’une question aussi importante que de redonner une unité au monde russe. Mais avec cette crise, il est devenu nécessaire et urgent de résoudre un certain nombre de questions dans ce pays. À mon avis, les questions suivantes :
Premièrement : Suppression de la cinquième colonne par des mesures politico-juridique, les couper des médias et des sources de financement, principalement de l’Occident.
Deuxièmement : Basculement vers une économie de la mobilisation, et passage à un système social mobilisé, un élément qui fera partie de l’économie de la mobilisation.
Troisièmement : Reformatage de la sphère juridique. Éliminer la primauté du droit international sur le droit national.
Entre parenthèses, ils n’ont pas une telle priorité au Royaume-Uni ou aux États-Unis. C’est quelque chose qu’ils ont infligé avec succès aux autres. Fin de la participation des structures ouvertement anti-Russes, et, et plus encore, de leur financement.
Quatrièmement : Renforcer l’alliance militaire avec la Biélorussie, malgré les complications objectives et subjectives du processus. Rien de tout ce qu’a dit Loukachenko sur la situation en Crimée ne m’a impressionné. Mais il a déclaré un truc très important. La Biélorussie ne fera jamais rien qui soit préjudiciable à la Russie. C’est bien. À mon avis, il aurait pu en dire davantage.
Cinquièmement : Contrer l’adversaire, l’agresseur, non seulement autour de nos propres frontières, mais dans n’importe quelle autre partie du monde où nous en avons la possibilité : établir leur degré de vulnérabilité. Nous devons nous conduire envers l’Occident exactement comme ils se sont conduits envers la Russie depuis sa naissance en 1991.
Récemment, le cinéaste Karen Shakhnazarov a dit quelque chose de très vrai quand il est apparu à la télévision : L’Occident n’a jamais mis fin à la guerre froide contre la Russie. L’Union soviétique désintégrée, tout a continué de plus belle. Brzezinski en a parlé très franchement dans une de ses interviews, c’était après la guerre froide quand elle avait déjà pris fin. Il a dit : « … Ne vous y trompez pas, nous ne sommes pas en guerre avec le communisme, mais avec la Russie, quel que soit le nom qu’on lui donne ». S’il avait dit la guerre contre « l’esprit Russe », alors il aurait pu pratiquement répété les mots de Churchill, qui avait déclaré en 1940 :
“Nous ne sommes pas en guerre contre Hitler, ou même contre le national-socialisme. Nous sommes en guerre contre l’esprit Allemand, l’esprit de Schiller, de sorte qu’il ne puisse jamais être rétabli.”
Le genre de castration spirituelle qui a été imposée aux Allemands après 1945, c’est ce qu’ils voulaient faire à la Russie après 1991.
Dans une des interviews d’Alexander Rahr, qui est une sorte de frange politique Allemand, a déclaré que de nombreux hommes politiques et des journalistes occidentaux restent toujours que la Russie ne se repente pas. Signification : la Russie a perdu la guerre froide, de sorte qu’elle doit se repentir. Autre chose qu’il a expliqué, pour laquelle il a été critiqué en Occident : « Pour l’Occident la victoire sur l’Union Soviétique n’était pas moins importante, et peut-être plus importante encore, que la victoire sur Hitler. ». Parce qu’Hitler leur appartient. La Russie ne l’a jamais fait. C’est pourquoi nous devons combattre l’adversaire non seulement à nos frontières et pas uniquement quand il nous envahit. Nous devons créer des problèmes à l’adversaire là où il est le plus vulnérable.
Sixièmement : Nous devons déployer une contre-attaque massive, de l’information puissante contre l’élite de l’Atlantique Nord. Particulièrement agressive partout où ils ont des problèmes. Plus précisément, dans les mondes musulmans et espagnol-saxons.
Je travaille en étroite collaboration avec les services espagnols et en langue arabe de Russia Today. Ils font un excellent travail. Qu’entend-on par le public hispanophone ? Ce n’est pas seulement l’Amérique latine et l’Espagne. Il y a un très large public hispanophone aux États-Unis même. Cela doit être exploité.
Septièmement et dernièrement : Reconfigurer la sensibilisation du public à la défense. Cela ne signifie pas se protéger. Défense signifie comprendre que nous vivons en temps de guerre. Former la population, surtout la jeune génération, pour être prête à repousser toute agression : militaire, informationnelle, culturelle, civilisationnelle.
Je suis très heureux d’assister à la résurrection de l’éducation militaire et patriotique et au concept de « Prêt pour le travail et la défense » (???). Je me souviens en tant qu’élève de l’école passer l’examen junior, puis senior, de « Prêt pour le travail et la défense » Il s’agissait du fonctionnement, qui nous plaisait bien, du lancer de grenade. C’était une approche plutôt vigoureuse. La raison pour laquelle nous avons pu gagner la guerre était que nous avions la « Sociétés de l’Assistance à la Défense et de la Construction Aéronautique-Chimique » (??????????), nous avions des organisations sportives dans les années 1930. Nous étions vraiment bien préparés. Vous voulez la paix – Préparez-vous à la guerre.
Nous sommes des gens pacifiques, mais notre train blindé reste prêt sur ses voies de garage. Ainsi, les changements qui ont eu lieu en Février-Mars ont-ils marqué la fin de l’ère des défaites. Abandonner le temps des défaites était devenu nécessaire, non seulement sur le plan extérieur, mais aussi au niveau national. Il reste encore beaucoup de personnages odieux du temps de l’époque d’Eltsine. Certains sont allés en Ukraine. Il y a un certain journaliste KISELEV – Evgeny Kiselev, qui partage son nom avec Dmitry Kiselev. Il est installé en Ukraine depuis de nombreuses années maintenant. Il s’agit de la personne Berezovsky-Gussinsky. Il sévit sur les antennes de la radio en Ukraine depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, il explique qu’il a honte d’être Russe. « de la Honte », pour l’amour de Dieu …
Eh bien, nous ne devrions pas avoir honte d’apprendre de l’Occident comment opérer dans le domaine de l’information. Leurs politiques sont de nature offensives. Si vous vous contentez de réagir, vous restez un pas derrière eux et vous allez perdre. Dans la victoire de la Crimée, nous avons gagné parce que notre leadership, surtout celui du président, a toujours eu une longueur d’avance sur l’adversaire. Il a fait un pas. Ils ont réagi. Il a établi l’ordre du jour.
1 Juin 2014
Traduction © Didier ARNAUD pour www.les-crises.fr