écrits politiques
Une guerre d’extermination
Je suis revenue de Palestine meurtrie. Non pas parce que je suis une âme faible, ou parce que - à l’aéroport Ben Gourion - les fonctionnaires de police israéliens m’ont fait l’ultime humiliation de me déposséder de tout mon matériel de travail*. Je suis revenue meurtrie de ce que j’ai vu d’horreurs ; de ce que j’ai pressenti d’horreurs encore à venir.
Rafah, 26 décembre 2003 (rafahtoday)
Lettre adressée à Mme Micheline Calmy Rey, Cheffe du Département des affaires étrangères de la Confédération helvétique
Israël mène une guerre d’épuration ethnique, une guerre raciste, une guerre d’extermination, contre une population impuissante à se défendre, et que le monde se refuse à protéger.
Il y a des milliers de jeunes malheureux, dont l’avenir est fermé, et que les incessants abus de l’occupant israélien poussent à la folie, à sacrifier leur vie, pour défendre la dignité de leurs familles.
Les Palestiniens sont en grand danger.
Je crois que peu de gens au-dehors ont pris la mesure de la gravité des exactions auxquelles les soldats israéliens se livrent contre cette populationisolée, enfermée dans ces prisons à ciel ouvert que sont Gaza, mais aussi Naplouse, Balata, Jenin, Tulkarem, ainsi que quantité de villages.
Ce qui se passe en Palestine est bien plus terrible que ce que les médias veulent bien en dire. Il est difficile de le montrer en images, car les soldats israéliens ne laissent aucun témoin à proximité des lieux où ils sont en train de commettre des exactions, et de ne laisser personne filmer. Tout est sous leur contrôle.
C’est pourquoi, à chaque retour de Palestine, j’éprouve un sentiment d’étouffement en voyant que nos médias ne donnent que le point de vue d’Israël.
Ce soir, quand je vous ai entendue parler d’antisémitisme chez nous, pour plaire à des organisations communautaires qui l’instrumentalisent à des fins politiques, j’ai résolu de vous écrire.
Il est intolérable que des organisations juives, puissent incriminer des gens en les accusant "d’antisémitisme", par le simple fait qu’ils dénoncent les abus de l’armée israélienne contre le peuple palestinien.
Ces accusations "d’antisémitisme" sont abusives. Elles blessent des honnêtes gens : nos autorités ne doivent pas les tolérer. Elles servent à détourner l’opinion publique des véritables crimes commis par les forces israéliennes en Palestine.
Silvia Cattori
* La police des frontières israélienne a retenu mon matériel de travail (enregistreur Nagra, ordinateur Machintoch, appareil de photo Leica, ainsi que leur contenu) après qu’il ait passé sans problème tous les services de contrôle de sécurité. Ils m’ont promis qu’ils enverraient ces effets, le lendemain. Je n’ai jamais reçu mon matériel.