écrits politiques

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Un peuple occupé trahi par les siens
Les Palestiniens ont soif d’unité

Ne pas pouvoir dormir d’une traite, dans ces endroits de Palestine que les forces militaires israéliennes de terre et de l’air martyrisent en continu est chose habituelle. Mais il y a des nuits qui sont plus angoissantes et traumatisantes que d’autres. La nuit passée, à l’intérieur de la vieille ville de Naplouse, a été ponctuée de violentes détonations.

18 mars 2004 | - : Israël Palestine

Après les harcèlements du jour, l’irruption nocturne de bataillons qui enfoncent parois et portes, kidnappent des hommes et des adolescents qualifiés de « wanted », est chose très déstabilisante.

Tout Palestinien est un « wanted » potentiel. Un « wanted » que les soldats israéliens kidnappent.

Le fait qu’il y ait des enfants qui pleurent, des blessés qui se vident de leur sang, des vieillards qui souffrent, les soldats de l’Etat d’Israël, n’en ont cure.

La population palestinienne est en danger. Le danger vient aussi - c’est triste à dire - du côté de l’Autorité palestinienne. Une autorité, née des accords d’Oslo, terriblement discréditée pour sa mauvaise gestion des affaires et sa collaboration avec l’occupant, ressentie, par les gens, dans les camps de réfugiés surtout, comme un obstacle à leur volonté de lutter de résister.

C’est dans ce contexte de grande frustration contre les autorités de Ramallah, qu’a eu lieu, en décembre 2003, une tentative d’assassinat contre le syndic de Naplouse appartenant au mouvement Fatah.

Après quoi, toutes les forces politiques et religieuses de l’opposition ont lancé un appel urgent pour exiger qu’Arafat les débarrasse des cadres corrompus du Fatah qu’il avait lui-même mis en place ; qu’il leur garantisse de pouvoir gouverner la ville dans le cadre d’un front uni, mieux à même de restaurer justice et équité.

Cela est attristant ! Les difficultés dues à l’occupation israélienne sont encore aggravées par le fait que, la direction palestinienne, considérée ici comme gangrenée par la corruption, agit de façon à garder son pouvoir et ses privilèges.

Il y a de nombreuses voix qui affirment, dans les camps de réfugiés notamment, qu’Arafat rendrait un fier service à son peuple, s’il dissolvait tout de suite cette Autorité qui n’a aucune raison d’être, et rejoignait les mouvements de résistance dans leur lutte de libération nationale contre l’occupant israélien.

Yasser Arafat n’a manifestement pas aidé son peuple depuis qu’il s’est engagé avec Israël, en signant les accords d’Oslo, à désarmer la résistance et à emprisonner les membres du Hamas et tous ceux qui refusent cette "normalisation" contre nature.

Sa politique de compromission avec Israël a mis Arafat en porte à faux avec son peuple qui, lui, est toujours livrés aux abus, pourchassé par l’occupant et n’a pas renoncé à sa liberté et à lutter pour ses droits nationaux.


Silvia Cattori à la Mouquata en mai 2002, le jour de la levée du siège par les troupes israélienne et la sortie de Yasser Arafat du palais présidentiel. Elle est l’une des rares journalistes à avoir dénoncé depuis lors l’existence d’une Autorité palestinienne contre nature, célébrée par le mouvement de solidarité malgré le fait qu’elle aggravait le sort du peuple Palestinien sous la brutale occupation israélienne.


Silvia Cattori